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Ne dites plus « webmaster ». SVP.

Webmaster. Combien de fois ai-je déjà entendu ce mot totalement désuet et mal utilisé. Webmaster. J’ai même entendu des francophones puristes / canadiens utiliser le mot « webmestre ». My god.

Flashback. Magnéto Serge. Replongeons-nous en France, en 1999. La Commission générale de terminologie et de néologie (rien que ça !) officialise les termes « administrateur de site » et « administrateur de serveur ». Ça ne déconne plus. Dans le milieu informatique, c’est le terme « webmaster » qui est plus couramment utilisé.

Mais qu’est-ce qu’un webmaster ?

La question est effectivement excellente. Je me replonge dans les archives du web et de l’Internet avec un grand « I » pour essayer d’y répondre. D’après Wikipédia, voici une définition de webmaster :

Le terme « administrateur de site » désigne communément celui qui est chargé d’un site. Il gère tout ou partie des domaines de la conception du site, sa mise en place technique (parfois la mission éditoriale) est comprise dans ses fonctions, il gère au jour le jour la technique et met à jour le contenu. Il prend en charge l’analyse de la fréquentation avec des outils de mesure d’audience. Il développe l’audience du site en l’optimisant pour favoriser un meilleur référencement des moteurs de recherche (Optimisation pour les moteurs de recherche).

Nous voilà bien avancés. Si je comprends bien, cet adolescent boutonneux à lunettes est véritable couteau suisse. Comment ça, mon résumé est stéréotypé !?

  1. C’est lui qui gère la conception du site, son design. Photoshop en était déjà à la version 5.5 en février 1999, mais n’était absolument pas orienté web. J’imagine donc qu’on parle plutôt de Paint ou Word Art, ces outils fantastiques que n’importe qui pouvait prendre en main pour laisser libre cours à son imagination débordante, toujours avec bon goût.
  2. C’est lui qui s’occupe de la mise en place technique du site web. À mi-chemin entre le geek et le hacker, ce ténébreux beau brun maîtrise le code HTML (déjà en version 4, mine de rien !) et c’est avec le célébrissime Frontpage qu’il sévit dans les bas-fonds du dark web. Applets et iframes, nous voilà !
  3. C’est encore lui qui gère le contenu du site, c’est lui qui rédige les articles, sélectionne les illustrations. Non seulement il maîtrise à merveille le langage machine, il fait de même avec la langue de Voltaire. Je m’en vais appeler les responsables du prix Goncourt, ce type est une merveille !
  4. C’est toujours lui qui s’occupe de l’analyse de la fréquentation du site en mettant en place une série d’outils de mesure d’audience. Google Analytics n’existait pas encore et ils n’ont racheté Urchin qu’en 2005, donc j’imagine que son travail statistique devait se baser sur un magnifique compteur analogique bleu ou vert qui s’affichait sur la homepage. Même Xiti n’existait pas encore en 1999, c’est vous dire.
  5. Il développe l’audience du site en favorisant un meilleur référencement sur les moteurs de recherche. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, on parle ici de s’inscrire sur Altavista ou bien remplir les meta tags du site avec des mots-clés tels que « Britney Spears nude ».

Et bien je ne sais pas vous, mais je suis fatigué rien qu’à imaginer tout son travail. Ce type est une bête ! Lève le doigt si toi aussi tu veux être comme lui !

Mais en 2017, est-ce que le webmaster existe encore ?

Outre le fait que ce terme est totalement galvaudé et aussi vague que le type énervant qui se présente dans un événement networking uniquement en disant « je suis consultant », je répondrai : oui et non.

OUI, parce que bien entendu une seule personne peut encore mener de A à Z la création d’un site web complet. Oui oui. Les outils actuels permettent facilement de réaliser un design de site web, s’inspirer d’un modèle ou encore personnaliser un thème tout fait. Les CMS actuels demandent peu de connaissance du code pur et dur et permettent de mettre en place un site rapidement tout en l’alimentant dans une interface archi-simple. De plus ils sont bien construits pour « plaire » aux robots de Google et ainsi être correctement référencés, surtout si le contenu est pertinent. Et pour analyser cela, Google Analytics permet une vue simple de ce qu’il se passe.

NON, parce qu’une personne seule aujourd’hui ne peut aller assez loin dans chacun des aspects propres à la création d’un site web digne de ce nom. Et encore moins d’une stratégie digitale plus globale. Reprenons les rôles du webmaster de 1999 pour étayer ces propos :

  1. Une maquette de site web au simple format PNG ou PDF ne suffit plus. On ne parle plus uniquement de site web : quid de l’application qui y est liée ou encore de son compte Facebook ou Instagram ? Le « web designer » doit donc réfléchir de manière globale et proposer une image cohérente, une interface utilisateur commune à tous les formats et tous les supports. Rien que pour le web, avec l’arrivée du responsive web design, le site doit dès le début être réfléchi pour s’afficher correctement sur un smartphone, une tablette, un ordinateur portable ou encore un grand écran de bureau (voire une TV). Et dans la moitié des cas, ce n’est pas un curseur de souris qu’on utilise mais un doigt ! Essayez donc de regarder un site de 1999 sur votre iPhone
  2. Au niveau code : bien sûr l’HTML reste la pierre angulaire d’un site web, mais il n’est plus seul. Un développeur web doit gérer à présent toute une série de frameworks, de langages de programmation aussi nombreux que les types de plateformes qui existent, etc. Et le travail est diamétralement opposé entre le back-end et le front-end …
  3. Pour ce qui est du contenu du site, je m’excuse mais ce n’est pas un développeur web qui pondra les meilleurs textes pour votre site. Pas plus que votre épouse, même si elle vous aime beaucoup. On ne rédige pas de la même manière sur papier que sur le web, de la même manière qu’on ne rédige pas de la même manière sur Facebook que sur Twitter, par exemple. Cela me rappelle d’ailleurs de finaliser mon inscription au MOOC de Rue89 « Ecrire pour le web«  car il vient de débuter …
  4. Il n’y a pas besoin de Google Analytics pour simplement voir combien il y a eu de visiteurs sur votre site web le mois dernier. Par contre pour avoir des infos sur leur provenance, les pages qu’ils ont fréquentées, l’heure à laquelle votre cible se connecte et des centaines d’autres paramètres … Google Anaytics is your friend. Mais pensez à vous libérer du temps pour vous plonger dans ses entrailles. Il est possible que vous soyez en retard à Noël cette année.
  5. SEO, SEA, SEM et autres acronymes : dès la conception technique du site il faut raisonner « référencement« . Les algorithmes modernes de Google (et autres) s’appuient sur la structure du site mais aussi surtout sur son contenu. Chaque texte, chaque article doit être rédigé en gardant cela en tête. Et une fois un nouveau contenu publié, il ne faut pas attendre que les visiteurs arrivent comme par magie sur votre site : référencement payant, publicités sur les réseaux sociaux, partenariats … il faut en permanence être créatif pour diriger le visiteur vers votre site et pas celui d’un concurrent. Et je n’ai même pas encore abordé la question des réseaux sociaux.

Vous comprendrez dès lors pourquoi je répondais « oui et non » à la question initiale. Vous comprendrez aussi le poids de chaque composante dans votre communication digitale/numérique, qui est d’ailleurs globale et ne s’arrête pas uniquement à votre seul site web. Vous comprendrez alors qu’il vaut mieux quelques experts qui vont vous épauler dans leur domaine pour être plus performant qu’un « webmaster » qui les survole tous.

Mais alors, me direz-vous, si on a plusieurs intervenants … qui chapeaute le tout afin d’être cohérent ? Je n’ai pas le temps ni les compétences moi ! Qui est le profil à la croisée de ces métiers, qui comprend chacun des intervenants et fait le lien entre eux ? Qui me conseille et me suit dans le développement de ma stratégie digitale ?

Doucement, doucement … laissez-moi un peu de matière pour mon prochain article 😉