Il y a un an – déjà – notre région était durement frappée par des inondations exceptionnelles.
Il y a un an – déjà – j’ai personnellement eu beaucoup de chance et n’ai pas été directement touché.
Il y a un an – déjà – au lendemain de ces événements, nous nous sommes réveillés un matin Anthony et moi avec une idée commune. Toutes ces personnes touchées n’ont plus rien, jusqu’à une des choses les plus élémentaires : manger. Dans ces circonstances, c’est fou ce que l’instinct de survie se manifeste.
En une matinée, nous avons tous les deux rassemblé des barbecues, une remorque et des vivres, le tout grâce à de nombreux (et généreux) donateurs. Il ne restait plus qu’à se coordonner avec la commune de Chaudfontaine pour aller se placer à un endroit opportun.
C’est ainsi que le 16 juillet 2021, notre convoi s’est dirigé vers le centre de Vaux-sous-Chèvremont, zig-zaguant à travers les amas de débris recouvrant les rares routes encore praticables. À peine le temps de débarquer notre matériel devant l’église – sous les yeux étonnés de riverains désemparés – que les deux barbecues démarraient. En quelques instants, notre petite team a pu commencer à distribuer pains saucisses et hamburgers à toutes les personnes que nous avons croisées. Impossible d’oublier le regard de certains, beaucoup trop de sentiments très divers se reflétaient dans leurs yeux. Et même si une certaine pudeur envahissait certains sinistrés, nous savons que modestement nous avons « servi » à quelque chose.
Les braises étaient encore chaudes quand Anthony et moi nous sommes regardés : OK mais demain ? Il nous faut encore davantage de nourriture, de boissons, de tables et de chaises. Nous n’allions pas nous arrêter là. Les téléphones ont commencé à chauffer …
Chaudfontaine n’ayant pas été la seule à être touchée, et la solidarité s’y mettant très rapidement en place, il est apparu que d’autres communes voisines comme Trooz ou Tilff avaient également besoin de soutien. Au lieu de choisir, nous avons préféré redoubler d’efforts pour augmenter les effectifs, les remorques, les barbecues ainsi que les vivres.
Le lendemain, une équipe partait sur la place de Tilff avec Anthony et l’autre direction La Brouck avec Steph et moi.
Loin de tout cliché narratif, l’arrivée à La Brouck était dantesque. Tout d’abord parce que le village était coupé du monde et que la seule route – ou plutôt chemin – pour y accéder était assez folklorique avec nos voitures et remorques chargées. Ensuite parce que le premier accueil était légèrement glacial, les riverains se demandant – légitimement – si on se croyait à Pairi Daiza en plein safari de curieux. Il n’avaient cependant pas tort, nous en avions croisés.
Nous nous installons alors à un coin de rue, près de chez Pancho, pour tout mettre en place, face à des riverains toujours aussi étonnés.
– « Mais qu’est-ce que vous faites là !? D’où venez-vous !? »
– « On est venus vous aider comme on peut, on vous amène quelques trucs élémentaires pour vous réconforter le temps d’une petite pause. »
– « Vous êtes les premières personnes qu’on voit ici, pas de pompiers, de police de Croix Rouge ou de protection civile on est coupés du monde … »
Les quelques pains saucisses et bières ont à nouveau rempli leur rôle. Très bien, même.
Autant que sur la place de Tilff …
Au matin du 3e jour, il a fallu de nouveau se refaire un stock nous n’allions pas nous arrêter en si bon chemin ! Et il en fallait, des saucisses … Mais grâce à une multitude de nouveaux dons – matériels ou financiers – nous nous y sommes remis. Et Chaudfontaine étant très bien organisée, nous avons pris la direction de nos amis de la Taverne de Trooz pour y poser notre installation renommée « barbecue solidaire » le 18 juillet.
La machine était lancée, et outre divers barbecues ensuite de nouveau à Sauheid, La Brouck ou Trooz (avec un super concert des 98% Maximum Soul !), nous avons aussi au fil des week-ends procédé à quelques livraisons de repas au coeur des villages encore fortement touchés.
Ensuite, l’organisation de La Croix Rouge et autres services ont permis de proposer chaque jour, des semaines et des mois durant tous les services nécessaires pour venir en aide à ces personnes qui avaient tout perdu (ou presque). Et il était aussi temps pour nous de retourner au boulot …
Ne voyez aucune auto-promo dans cette histoire – que du contraire – mais un an jour pour jour après ces événements, c’est toujours avec les yeux embués que j’en parle, tant cela m’a marqué. Je n’ai certes personnellement rien perdu dans ces inondations, mais ce que j’ai vu/entendu/vécu pendant ces journées et soirées restera gravé à jamais.
Et pour certains sinistrés, c’est loin d’être derrière eux ! Je traverse souvent Chaudfontaine, Trooz ou La Brouck et il y a toujours ce même pincement au coeur quand je vois dans quel état se trouvent encore certaines maisons, certains quartiers. Impossible de ne pas penser à ces gens qui, un an après, n’ont toujours pas pu retourner à une vie normale.
La vie des quartiers s’en trouve également impacté, raison pour laquelle Steph et moi travaillons à soutenir certaines organisations locales afin de les aider à relancer leurs événements.
Il y a encore et toujours du travail dans ces quartiers et ces communes, n’hésitez pas si vous voulez apporter votre pierre à l’édifice !